La bulle des années 2010

Pour une fois, je ne vais pas parler de technologie, de langages, mais de contexte économique. Plus particulièrement de l’état du marché dans lequel je navigue tout les jours, à savoir le développement d’applications web.

Pour rappel, je suis responsable technique dans une SSII lyonnaise, Prestaconcept, qui se place sur le segment des applications web, c’est à dire du développement web, mais pour plus qu’un site web vitrine.
Cela parce que nous voulons vendre du développement maintenable, évolutif, avec une vrai utilité, un vrai coeur de métier, et donc accompagner nos clients sur le long terme.
Ce sont d’ailleurs ces idéaux qui me font me sentir bien dans mon entreprise : on ne cherche pas à vendre à tout prix, on essaye surtout de s’inscrire dans la durée avec nos partenaires, et donner les moyens à nos développeurs de produire de la qualité.

Seulement, dans ce superbe tableau, il y a un problème : les clients.
Je sais, ça commence comme une mauvaise blague (trop) souvent répétée, mais ne quitter pas tout de suite la lecture de ce billet.
Ce qui me pousse à écrire ce billet aujourd’hui, ce sont les profils des clients qui viennent nous voir.
Il y a quelques années (juste 3 petites années, avant la fameuse crise), les gens avaient des budgets, des idées. Les personnes qui demandaient des applications web étaient des investisseurs habitués au monde du web, qui connaissaient sa réalité, à savoir que ce n’est pas un eldorado où il suffit de lancer un site pour rentrer un maximum de liquide sans trop d’effort. Bref, en un mot, des gens qui savent ce qu’a été la bulle internet.

Toutefois, depuis le passage de la crise financière (je passerais sous silence mon analyse de cette crise …), j’ai remarqué une progressive mutation du profil client type qui vient nous voir. Nous avons de plus en plus de clients qui décident de changer de vie (travail pas assez payé, licenciement, …) et qui pensent que monter un projet web est une superbe idée, qui plus est facilité par le statut d’auto-entrepreneur.
Du coup, nous voyons de plus en plus de clients qui tombent des nues lorsque nous avançons un budget à 5 chiffres pour une application e-commerce complète, ou qui s’étonnent que les maquettes et le cahier des charges n’est pas offert avant signature.

Maintenant, il me reste à insérer le dernier soucis pour en arriver à ma conclusion : les concurrents qui pourrissent le marché.
Je vous préviens dès le début que je pense manquer de recul sur l’analyse de ces concurrents, et que mon avis n’est donc surement pas totalement éclairé.
Mais je trouve que ces professionnels, souvent des free-lances, des auto-entrepreneurs ou encore des TPE qui, à l’abois, cassent complètement les prix pour survivre.

Mais, dites moi, des clients qui pensent faire fortune juste en étant sur le net, des prestataires qui ne tiennent pas la qualité … ce ne sont pas les ingrédients de la bulle internet ?
Est-ce que le monde capitaliste est aussi cruel qu’il suffit de 10ans pour que les erreurs se répètent ?
De plus, des clients qui cherchent du pas cher, et des prestataires qui sont prêts à se prostituer pour ne pas mourir. Au final, tout cela donne l’image d’un web pas cher, de mauvaise qualité (eh oui, pour 8 000€, on ne recode pas Magento) et qui ne fonctionne pas.

J’avoue que je souri toujours quand un client nous demande de reprendre une application que notre concurrent moins cher lui a vendu, et de me rendre compte qu’elle fait la moitié de ce qu’on avait promis, pour 3/4 du prix qu’on avait proposé (pas besoin d’avoir fait math sup’ pour comprendre le soucis).
Je me doute bien que, humainement, c’est compliqué “d’enterrer” un client qui viens aux abois pour qu’on lui sauve la vie. Mais c’est pas parce qu’ils ont fait confiance à quelqu’un qui n’a pas réussi à tenir ses engagements qu’on doit, nous, lui faire des cadeaux.

Pour finer sur use nouvelle violation de copyright : “I have a dream about a better web world”

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